Avant même l’invention de la prothèse auditive, l’homme, en portant sa main en forme de coupe derrière l’oreille, venait de découvrir une façon simple d’améliorer son acuité auditive.
Le premier objet utilisé pour amplifier les sons fût sans doute la coquille de mer utilisée par les Grecs plusieurs siècles avant JC. Au moyen âge, c’est-à-dire entre le 5e et 15e siècle, on utilisait les cornes d’animaux comme porte-voix et comme cornets d’écoute pour les sourds.
La première prothèse auditive fabriquée par l’homme a été le cornet acoustique au début du 19e siècle. On attribue cette invention à Frederic Charles Reim (Londres) aux environs de l’an 1800. Vînt ensuite la fabrication du tube acoustique en 1805. Différents types de cornets acoustiques dont certains très sophistiqués ont été fabriqués jusqu’au début du 20e siècle (de 1800 à 1900).
En 1879, pour les surdités de transmission, on préféra le dentaphone ou ostéophone au cornet acoustique. Cette prothèse consistait en une membrane fixée au bout d’une tige dont l’autre extrémité était tenue entre les dents. Les sons étaient ainsi transmis à l’oreille interne par conduction osseuse. Le célèbre musicien Ludwig Von Beethoven (1770-1827) devenu sourd à l’âge de 26 ans utilisait cette technique. En appuyant fermement une tige de bois sur son piano, il réussissait à entendre les vibrations acoustiques de son instrument en tenant solidement l’autre bout de la tige entre ses dents. Ce principe de conduction osseuse était connu des Grecs depuis 200 ans avant J.C.
Le célèbre Alexander Graham Bell dont la jeune femme était sourde, échoua dans sa tentative de mettre au point une prothèse auditive afin de palier au handicap de cette dernière. Heureux hasard cependant puisque son échec se solda par l’invention du téléphone le 10 mars 1876.
C’est Hutchison qui, au début du 20e siècle, trouva le principe d’amplification électrique lui permettant de fabriquer la première prothèse électrique au carbone. Cette prothèse, fabriquée au États-Unis en 1899, s’est vendue $400; ce qui était énorme comme prix à l’époque. Un an plus tard, le prix baissait à $60. Une anecdote: on dit qu’Hutchison aurait aussi inventé le klaxon d’automobile afin de rendre la population sourde et mousser ainsi la vente de ses prothèses.
Par la suite, de 1900 a 1920, on essaya d’améliorer le rendement assez modeste de la prothèse électrique au carbone. En effet le gain de cette prothèse à ses débuts n’était que de 10-15 dB avec un spectre fréquentiel limité à 1K- 1.8K Hz. Différentes tentatives pour augmenter le gain ont été essayées dont le double microphone qui permit d’atteindre jusqu’à 28 dB de gain. En 1924 on y introduisit un « booster » qui permit un gain de 47 dB. Le volume s’ajustait par une résistance variable et le contrôle des fréquences, quant à lui, était modulé en faisant varier la tension du diaphragme du microphone. Malgré l’atteinte d’un gain assez intéressant pour l’époque, l’amplification obtenue résultait en des niveaux de distorsion et de bruit de fond très élevés dus à la résonance et à la friction des granules de carbone. En 1944, on estime qu’il y avait encore quelques 50,000 prothèses auditives au carbone aux États-Unis.
En 1920, on vit apparaître la prothèse auditive à lampes qui permettait une amplification dans les 25 dB avec une qualité de reproduction incomparable à la prothèse au carbone. Le règne de la prothèse auditive à lampes (incluant la conduction osseuse) s’étend de 1920 à 1952.
Le transistor au germanium a été mis au point dans les laboratoires de « Bell Telephone »en 1948. Le transistor, infiniment plus petit que la lampe, allait désormais permettre la fabrication d’une prothèse assez petite pour être portée directement sur l’oreille. La compagnie Acousticon réussit cet exploit en fabriquant le premier « contour d’oreille » en 1952. A cette époque la compagnie Acousticon détenait à elle seule environ 95% du marché des prothèses auditives.
La nouvelle prothèse à transistor pouvant être portée directement sur l’oreille a connu un grand succès auprès de la population sourde. Les lunettes auditives (1955) furent aussi très populaires; la petitesse du transistor permettait d’incorporer l’amplificateur et ses composants directement dans les montures de lunettes. En 1960, il y eut un envahissement du marché par les compagnies Radio Ear, Beltone, Zénith et Maico.
Jusqu’en 1952, l’embout auriculaire sur mesure dans lequel prenait place l’écouteur était fabriqué à partir d’une impression d’oreille en plâtre plutôt qu’avec du matériel à empreinte souple comme aujourd’hui.
En 1975, un nouveau microphone « électret » équipait les prothèses transistorisées. Beaucoup moins sensible aux chocs et possédant une bande passante très large, ce microphone améliorait considérablement le rendement de la prothèse auditive transistorisée.
La miniaturisation des circuits électroniques a progressé au point de pouvoir installer l’amplificateur et ses composants directement dans l’embout auriculaire. Ainsi, début 1977 au Québec, on pouvait maintenant fabriquer une prothèse auditive sur mesure et l’insérer complètement dans la conque de l’oreille. C’était la naissance de l’intra-auriculaire. Quelques années plus tard, la taille des circuits se faisant de plus en plus petite, la prothèse prenait moins d’espace dans la conque de l’oreille et s’insérait presque complètement dans le conduit auditif (intra-canal). On ne dû pas attendre bien longtemps avant que l’on réussisse un exploit longtemps attendu: insérer la totalité de la prothèse auditive dans le conduit auditif. Cela permit de dissimuler l’aide auditive en la rendant pour ainsi dire «invisible».
Au milieu des années 1990, les premières prothèses auditives entièrement numériques font leur apparition. Ces dernières révolutionnent totalement le monde de l’appareillage auditif. Cette fois, il ne s’agit pas d’un changement au niveau de leur forme, mais bien au niveau de leur technologie. Entièrement contrôlées par ordinateur, elles font bien plus qu’amplifier les sons. Elles ont la capacité de filtrer plusieurs bruits nuisibles se retrouvant dans l’environnement et rehaussent donc davantage la parole. Plutôt que de les ajuster à l’aide d’un petit tournevis comme pour les appareils de technologie analogiques, leur programmation s’effectue à l’aide d’un ordinateur. Elles sont littéralement de minis ordinateurs portés directement sur l’oreille (ou dans l’oreille). Elles font plusieurs millions de calculs à la seconde et analysent continuellement les signaux sonores entourant le malentendant.
Au début des années 2000, un nouveau type de prothèse auditive numérique fait son apparition : l’appareil à embout ouvert ou à écouteur dans le canal. Ce type d’appareil numérique possède un tout petit boitier qui se dissimule derrière le pavillon de l’oreille. Le son est transmis à l’oreille via un tube miniature qui achemine le son vers le conduit auditif. Ce type d’appareil auditif apporte confort, discrétion et performance à tous les porteurs d’appareils auditifs.
La technologie numérique est celle que nous retrouvons dans tous les appareils auditifs d’aujourd’hui. Bien que l’ajustement est contrôlé automatiquement et en temps réel par l’ordinateur interne des appareils, la plupart de ces derniers sont contrôlable manuellement via une télécommande discrète et facile à manipuler. De plus, la technologie Bluetooth ouvrant une multitude de possibilités de connections sans-fil (main-libre pour l’utilisation du téléphone, l’écoute de la télévision, de la musique, etc.) se retrouve dans la majorité des prothèses auditives d’aujourd’hui.
En résumé, la technologie des appareils auditifs est en constante évolution et s’améliore au rythme effréné que nous connaissons pour tous les appareils électroniques que nous utilisons.